J’ai reçu ma black Card

Les signes extérieurs de richesse et de pouvoir ont longtemps eu sur moi un certain effet. La grosse montre, la belle voiture, la veste qui claque, les Weston qui brillent, voilà ce qui fait un homme (ou pas). L’habit fait le moine. Tu es jugé sur ton apparence. Ta place dans la société se reflète dans tes possessions.

Non, je déconne, je m’en fiche (et je suis souvent habillé comme un sac, dixit ma femme et mes filles).

Quand je suis rentré chez Accenture (oui, je radote), une partie du cérémonial d’intronisation (de l’onboarding comme on dit maintenant) consistait à te remettre ta carte American Express. Pour les (rares) vingtenaires qui lisent ces chroniques, à l’époque, c’était la classe. Maintenant Air France en fait une dorée, cela enlève beaucoup de la superbe… Mais à l’époque, quand tu sortais l’AMEX à 26 ans, tu pesais dans le game.

Bref, on te remettait ta carte, comme on remettait les palmes à un académicien (le discours en moins). Et tu te sentais différent, cela flattait ton égo de jeune cadre dynamique.

Et bien, en Juillet, on m’a remis ma black card.

Alors, si tu n’as pas la ref (la référence), la black card est ce que les banquiers ont inventé quand tout le monde a eu une Visa Premier… une carte plus statutaire. Ca s’appelle Visa Infinite ou World Elite Mastercard. Littérature ici

Et là je me suis senti différent.

Alors, avant que tu t’inquiètes pour mes chevilles, cette Black Card, c’est ma carte ticket restau (elle vient de chez Swile, la start-up qui marche sur les plate-bandes de Ticket Restau/Edenred).

Donc, oui, la nouveauté en cette rentrée 2023 est que je suis redevenu salarié.

Après 17 ans d’entreprenariat, je repasse de l’autre coté de la barrière. Avec un boss, des horaires de bureaux, plus de 500 collègues et donc la fameuse carte ticket restau.

Quand on te dit qu’il faut savoir sortir de sa zone de confort… là pour le coup, je fais le grand écart.

Et c’est marrant

Ce n’était pas prémédité (cela s’est fait en une semaine). Cela a commencé par une boutade (« on est d’accord, tu cherches pas un job salarié ? » « bah non, j’ai déjà 1 boite à gérer, pourquoi tu poses la question ? »). Café informel. Explication du caillou dans la chaussure. Proposition de mission. Vu le rôle, une mission n’était pas vraiment envisageable. Négociation.

Le rôle a d’ailleurs évolué entre la première rencontre et le périmètre final.

Perso, ca m’a bien plu. Le boss d’une boite de 600 personnes qui prend des décisions à cette vitesse, on était fait pour s’entendre… Un job avec un périmètre large et de sacrés challenges à relever. D’ailleurs si tu es dans l’hotellerie, il faut qu’on se parle… je bosse maintenant pour une super boite mondiale, filiale d’Accor, et qui propose des outils aux hoteliers…

Bref, tout cela pour dire que les vacances au Crotoy me guettent