Trouver la voix

D’abord écoute ce son

Pour beaucoup, c’est la meilleure interprétation de la chanson écrite par Prince (qui avait déjà fait l’objet d’une chronique pour illustrer un principe de management). 

Tu entends cette voix ?

La pochette d’un album de l’artiste illustre cette chronique.

Écoute bien encore. 

L’interprète est un homme : Jimmy Scott. 

Un talent inouï. Une voix extraordinaire. Il a travaillé avec Ray Charles et Quincy Jones. 

Mais que s’est il passé pour que tu ne connaisses que Sinead O’Connor et que nous n’ayons jamais entendu parler de Jimmy Scott ?

Ce n’est pas dû à la maladie qui avait arrêté sa croissance et empêché la mue de sa voix. 

Non, c’est à cause de son producteur 

Pour la même raison qui fait que Nina Simone n’a jamais touché de droit sur « My baby just cares for me » : son producteur lui a fait signer un contrat abusif.

Il l’a empêché de poursuivre une carrière normale en empêchant l’artiste de chanter sur un autre label. 

La carrière de Jimmy Scott n’a donc jamais décollé. Il a signé sur le label de Ray Charles (Tangerine Records) mais le disque a été retiré de la vente (en raison du contrat abusif).

Devant l’impossibilité de se produire, il quitte la musique et devient aide-soignant pendant près de 30 ans

Jusqu’à la mort de Doc Pomus, célèbre blues man, qui, quelques jours avant sa mort, souffle à sa fille que son dernier souhait est que Jimmy chante lors de son enterrement. 

Présent dans l’assistance, Seymour Stein, le producteur de Madonna, re-découvre l’artiste. Contrat avec la Warner pour 5 albums.

A 66 ans, sa carrière part enfin, pour ne plus s’arrêter. 

Grammy Award. Musique de Twin Peaks (David Lynch), National Endowment Jazz Master Award, reprise chez Almodovar.

On peut dire que le monde du cinéma, pour une vie digne d’un scénario, le consacrera. A noter, sa cameo dans le film de Michel Gondry « soyez sympas, rembobinez » .

Et bien évidemment « Jimmy Scott : I go back home » le documentaire qui lui est consacré où tous les plus grands (Céline Dion, Elton John, Ray Charles, Quincy Jones…) témoignent.

Jimmy est mort en 2014 à 88 ans

Encore une vie à rebondissements, comme celle de Rodriguez (cf le film Sugar Man)

Moralité

J’en vois deux :

  • Lire les contrats
  • Ne pas penser que tout est écrit… dans les contrats