A vous, gentes dames, mes excuses les plus plates pour le langage testostéroné de cette chronique… je suis preneur d’une image moins masculine avec grand plaisir.
2006, EBG (Electronic Business Group, une réunion pour cadres en mal de technologie), grand amphi. Devant un parterre de directeurs marketing et autres DG salariés, avant l’intervention de Thierry Breton (ministre à l’époque), sur scène un entrepreneur avec fort accent espagnol qui ne mâche pas ses mots : Martin Varsavsky.
Plusieurs questions où on demande au panel les qualités pour être entrepreneur, le baratin habituel. Tout le monde vient avec ses réponses entendues (une équipe, une idée, de la volonté, blablabla….). Quand arrive le tour de Martin, il commence avec l’accent argentin
« oui, c’est vrai, bien sssour, il faut tout cela, ma ce qu’il faut surtout c’est, comment on dit chez, vous il faut … »
et il se lève et dans un geste digne du King Of Pop, saisit son entrejambe : « COJONES ».
Dans une salle pleine de cadres supérieurs de boites du CAC40-qui-ont-tombé-la-cravate-parcequ’on-parle-technologie, cela produit son effet.
Effectivement.
Il faut être un peu fou pour créer une boite, sans filet, sans savoir ce que les clients vont dire, si cela va marcher. Perso, j’ai créé Vinivi alors que ma femme ne bossait pas, que ma deuxième fille avait un mois, sans chômage, avec nos économies, et à 10,000 kms de mon marché cible. Ce n’était pas des Cojones, c’était de l’inconscience surement. Mais si on n’ose pas, on se saura pas. C’est comme cela que je résume « cojones ».
Arrêtons là le panégyrique à la gloire des entrepreneurs. Le mot « entrepreneur » est finalement assez galvaudé. Je connais moult salariés autrement plus compétents que bien des entrepreneurs. Entreprendre n’est pas le graal, même si beaucoup le fantasment. Nombre de mes amis restés salariés et ayant des carrières dont je suis bien incapable, semblent hiérarchiser assez haut l’entrepreneur. Les politiques, la presse et beaucoup de bien pensants ont tendance à mettre l’entrepreneur en tête de liste.
Ouais, bon, ok, il est mieux d’avoir des jeunes qui ambitionnent de créer des entreprises plutôt que de trouver un emploi à vie. Après, les « cojones » sont finalement assez survendues. Le travail, en revanche, ne l’est pas assez. C’est Xavier Niel qui disait qu’il était étonné de voir peu de personnes la nuit à Station F en train de bosser… comme lui en son temps (j’acquiesce).
Pour paraphraser Brel, le talent (à remplacer ici par les « Cojones »), n’a rien à voir là dedans. Seuls le travail et l’envie comptent.
C’était le moment « vieux con ». J’assume super bien.
Et un peu de détente pour finir. Allez voir le reportage ‘Opération Odessa’ sur Netflix qui raconte la façon dont un arnaqueur a pris qques millions à Pablo Escobar. Ca c’est des cojones : tu connais déjà l’issue et tu y vas quand même… (et ce dingue serait toujours vivant…)