Il y a deux ans, j’ai cédé au charme d’un homme et du ticket restaurant en devenant salarié après 17 ans d’entreprenariat.
C’était super.
Redécouvrir une ambiance de bureau, des collègues, un job sympa avec beaucoup de chantiers (ce que j’aime).
J’avais dit 18 mois, je serai resté 24.
Un petit goût de « pas eu tout le temps pour tout faire » et de « le suivant va bénéficier du boulot » (qui embête un peu mon égo, soyons honnête).
Il en reste une équipe renouvelée à 70% avec de belles personnalités, une (nouvelle) équipe de management prometteuse, des talents révélés mais aussi quelques challenges. Bien entendu, aussi des maladresses et des erreurs.
Plusieurs observations :
• Je ne croyais déjà pas trop au CDI.
Je suis d’autant plus convaincu que l’avenir est au CDD. C’est plus sain pour tout le monde. En cela, je rejoins la génération de mes filles qui ne veulent pas d’engagement sur le long terme. C’est définitivement plus simple de se dire qu’on a un job à faire, le faire et, s’il n’y a plus de challenge à relever, ou si l’on est en désaccord, partir.
• J’en aurais profité pour faire comme j’avais prévu : un prêt immo…
Avoir un CDI ne revêt que cet intérêt à mes yeux. Même si j’ai acheté un bateau avec…
• La proportion de gens qui essayent de résoudre les problèmes est faible.
Les entrepreneurs adorent résoudre les problèmes, c’est d’ailleurs notre ADN. Pour mener à bien une carrière, un ami au COMEX d’une boite du CAC 40 m’avait expliqué qu’il fallait éviter les mauvaises nouvelles et donner les problèmes à quelqu’un d’autre… no comment (ça marche même sans COMEX)
• La prise de décision est un muscle qui se travaille et s’enseigne.
Je suis persuadé que c’est aussi la clef pour avoir des équipes qui se donnent : leur donner un cadre et de la latitude (une fois qu’on a les bons). Puis les laisser prendre leurs décisions. Je note en revanche que la prise de décision se dilue très vite. Notre boss prenait beaucoup de décisions, très vite, gage de dynamisme dans l’organisation. Force était de constater que, rapidement, sans management avec la même inclinaison, les décisions étaient beaucoup plus longues
• Ca prend plus de temps que prévu
J’ai oublié cet adage d’entrepreneur : je le sais que l’inertie est grande et qu’il faut du temps pour faire évoluer une organisation. Je pensais tout faire plus vite, j’ai pris trop de sujets et oublié de me focus sur seulement quelques chantiers.
• Les gens adorent les titres
Oui madame, Senior Vice President EMEA…
• La politique m’est complètement étrangère
et même dans les structures de 600 personnes, elle est présente. J’avais oublié cet aspect, naïf que je suis.
• Beaucoup d’expérimentations intéressantes à une certaine échelle :
- recruter à l’international (en employant ma technique (je confirme, ça marche)),
- dénicher des talents inexploités et les mettre dans la lumière,
- réussir à mettre les bonnes personnes aux bons postes,
- changer quelques habitudes à coups de « no bullshit » (un peu piquant, j’avoue).
• Tu vieillis mon vieux.
98% des équipes étaient plus jeunes que moi. Ca donne un coup de fouet tous ces prénoms à apprendre.
• Faire son premier pot de départ à 52 ans.
Première fois de ma vie. C’était bien sympa (et sincèrement, lire le témoignage des équipes fait chaud au coeur)
• Voir son salaire arriver en fin de mois
sans avoir à faire le virement. Magique.
Donc merci, c’était super.
Très belles rencontres.
Je reste séduit par cette idée (et cette prise de risque) de faire rentrer un entrepreneur dans une société et de lui lâcher la bride. L’avantage de l’entrepreneur est qu’il n’a pas d’agenda, ce que beaucoup ne comprennent pas. Je n’avais pas de plan B ni de souhait de grimper dans la hiérarchie (au contraire même, j’ai poussé quelqu’un à monter au-dessus de moi car elle avait de meilleurs skills que moi et elle est parfaite).
Pas contre recommencer quand l’occasion se re-présentera…

