Antoine – où vas tu dormir ?

Je crois que ce sont les questions qu’on m’a posé le plus :

  • Où Dors tu ?
  • Est-ce que tu réservais à l’avance ?
  • As-tu dormi dehors ?

C’est d’ailleurs l’une des questions du Top 10 du Guide Compostelle…

Alors la réponse est Non : je n’ai jamais dormi dehors. Non, la plupart du temps je ne réservais pas (sur 2 mois 1/2). Oui, j’ai toujours eu un lit.

Est ce que cela a été facile ? Non, pas forcément.

Tiens, commençons par la première fois où j’ai eu un peu de difficulté.

Brécy. A coté de Bourges.

La veille, à la Charité-sur-Loire, en dormant dans un gite, une personne me dit «

Je connais une adresse. C’est à Brécy. Ce n’est pas dans les guides.

Tu vas au café du village, tu demandes à la patronne la clef.

Et tu vas te retrouver à la mairie, dans une salle communale très sympa. »

Ca me plait. 

Brecy est un peu loin (35 kms). S’agit pas de trainer (pour rappel, à 4 km par heure, cela fait 8 heures et demi de marche, sans compter les pauses).

Bref, j’y vais, le coeur léger, me disant que je vais trouver un truc unique.

J’arrive à 19h sur place. Et là, bon et bien euh, disons que le café est en travaux… pour quelques temps encore.

Pas de panique. J’avais entendu dire que les églises s’ouvraient pour que les pèlerins dorment dedans. Donc direction l’église du village.

Là, effectivement un petit panneau de bon augure.

La charmante dame au bout du 06 me dit que, pas de bol, elle est en vacances. Mais qu’elle va appeler son mari pour qu’il m’ouvre l’église… bah voilà.

J’attends une trentaine de minute. Il fait beau, je suis à 20 bornes de Bourges. Pas un chat dehors.

Arrive un homme, la soixantaine. Très sympa. Il m’a même pris une baguette pour que je ne meure pas de faim. Il m’ouvre la porte de l’église et commence la visite. « Alors là, vous avez l’autel…. » et il commence l’historique. Je commence à regarder où je vais pouvoir dormir. On finit la visite et il me demande 

  • « Et donc, ce soir, vous dormez où ? »
  • « Ah bah euh, il doit y avoir confusion, je pensais que vous étiez venu pour m’ouvrir l’église pour que j’y dorme »
  • « Ça ne va pas être possible, on n’a jamais ouvert pour les pèlerins, on fait juste visiter l’église ».

Donc je résume : il est 19h30, nous sommes Dimanche, à 20 bornes de Bourges (5h si tu suis bien), après le café fantôme, le plan « j’irai dormir chez vous dans l’église » n’existe pas. Bon, ben c’est pas grave… Je remercie la personne. Il est un peu embêté pour moi. Me demande si j’ai une liste d’hébergements (bah pas vraiment car je suis sorti des sentiers battus). On en trouve une sur Internet que nous passons en revue :

  • Celle là non elle a fermé
  • Celle ci non avec le Covid, c’est fermé
  • Et enfin cette dernière, on a enterré sa fille hier donc ça va être fermé

Voyant les options s’amenuiser, je commence à regarder autour de moi.

Il y a un préau. Il ne fait pas trop froid. J’ai une boite de conserve, je peux faire le plein d’eau, ça ira bien.

Et là Antoine me regarde et me dit « J’ai une pizza, je suis tout seul ce soir, allez, venez à la maison ».

Je le regarde un peu bizarrement car, franchement, je ne m’y attendais pas.

« Bah euh, ça me gêne quand même ».

« Non, non c’est décidé, vous venez ».

S’en suit une soirée absolument mémorable. Nous visitons sa ferme, on parle panneaux photovoltaïques, condition paysanne, religion… On se trouve même des ancêtres en commun (c’est un féru de généalogie et, grâce au travail de nos familles respectives, nous sommes cousins (à peu près 200 ans).

Vers 23 heures, je me couche. Voilà, grâce à Antoine (merci Antoine), je n’ai pas dormi dehors. Et j’ai fait une rencontre humaine forte.

Et rien de tout cela ne serait arrivé si j’avais réservé… Moralité, j’ai continué à ne pas réserver dès que je pouvais. Ça me vaudra quelques déboires mais finalement, ce sont les plus belles rencontres. Et si j’avais dû dormir dehors, et bien, j’aurais dormi dehors…

Ne pas tout prévoir. Laisser une part à l’inconnu, aux rencontres…

C’est d’ailleurs maintenant un principe que j’applique plus : ne pas anticiper.