Anticiper. Prévoir. Envisager. Scénario 1. Plan B.
Quand tu marches quelques temps, cette notion d’anticipation s’estompe doucement. Tu sais à peu près où tu vas dormir, mais tu n’as pas d’image claire de ce qui t’attend dans la journée, comment cela va se dérouler ou qui tu vas rencontrer. Compliqué d’anticiper beaucoup de paramètre, sauf la météo.
« Pluie du matin n’arrête pas le pèlerin »
Quand Antoine, mon hôte providentiel de Brécy sur la voie Lemovicensis me lance cette phrase, il va bientôt pleuvoir. Il est 7h.
Sentir l’eau qui commence à te tremper tes chaussures puis ton ventre, avoir le pantalon qui colle aux cuisses, savoir que tes affaires seront mouillées n’est pas perspective plaisante.
Malgré cela, tu ne vas pas t’arrêter de marcher. Tu prends ton sac à dos, et tu marches. Si tu devais t’arrêter à chaque fois qu’il pleut, tu n’arriveras jamais…
Pour anticiper un peu, par réflexe, j’ai téléchargé deux applis :
La première est beaucoup plus utile et fiable que la météo « standard » et la deuxième te permet de savoir, théoriquement, dans combien de temps la pluie va s’arrêter. Tu vois aussi la couverture nuageuse en temps réel.
Paré de ces deux applications, normalement, tu anticipes.
Pendant un mois et demi, quotidiennement, ces deux applications me permettent d’anticiper … du moins en théorie. Parce que tu le sais, la météo n’est pas une science exacte.
Mais bon, au moins, le matin, tu mets tes chaussettes en synthétique au lieu de tes chaussettes en laine. Oui, car la laine, une fois mouillée, sèche beaucoup moins vite que le synthétique (2/3 jours vs quelques heures)*.
Si tu ne veux pas marcher plusieurs jours avec les pieds mouillés, tu mets tes chaussettes synthétiques. Pour ne rien simplifier, en cas de pluie, il faut également
- bâcher le sac à dos
- sortir ta veste de pluie-qui-coute-un-bras
- ou ton poncho-qui-te-fait-transpirer
Bref, la pluie, c’est pénible quand tu marches.
Du coup, pendant près d’un mois et demi, avec plus ou moins de bonheur, chaque soir, je regarde la météo.
Jusqu’au jour où, en Espagne, je croise Alain.
Nous devisons le soir quand il me voit dégainer mon téléphone et regarder le temps du lendemain. Il se met à sourire
« Quoi ? Dis moi Alain, je te vois sourire… »
« Moi aussi, avant, je regardais la météo. Et puis j’ai arrêté à cause des probabilités »
« Il y a 2 cas
Cas 1 : la météo anticipe de la pluie
==> tu passes une mauvaise soirée à te dire que tu vas être mouillé
=> Option 1 : la météo s’est trompée ==> tu t’es fait 12h de mouron pour rien
=> Option 2 : la météo a raison ==> tu es chafouin avec 12 heures d’avance
Si la météo dit « pluie », tu mets du négatif.
Cas 2 : la météo anticipe du soleil
==> tu passes une bonne soirée MAIS tu as un doute (tu remarqueras que ce doute existe peu dans le Cas 1)
=> Option 1 : la météo s’est trompée ==> tu la blâmes dès ton réveil, tu te dis qu’elle se trompe tout le temps
=> Option 2 : la météo a raison ==> Rien A Signaler
Donc, mathématiquement, dans 3 cas sur 4, la météo t’apporte du négatif. En ne regardant pas la météo, tu t’évites du négatif.
Nous ne montons pas l’Everest. Nous ne faisons pas de récoltes.
Et de toute façon, nous allons marcher demain… pas de raison de regarder la météo. »
« Vu comme cela, forcément. Mais tout ça ne me dit pas ce que dois porter demain »
« Demain matin, regarde par la fenêtre, ça devrait suffire »
Quand les probabilités s’invitent à la table du bon sens.
* j’en parle dans le Guide sur Compostelle, en commande ici. C’est un guide pour te donner les informations pour te lancer sur Compostelle. Tu ne sauras pas tout, mais cela te donne les clefs pour te lancer en étant rassuré en en répondant à toutes les questions que tu te poses.