Voir ce qui a toujours été là

Il y a quelques années, j’avais découvert le monde de la mer (chronique)

Aujourd’hui, je replonge dans l’univers aquatique… mais version intérieure : je passe le permis fluvial.

La particularité de ce permis ? Les panneaux. Des dizaines de panneaux. Triangles, ronds, bordures rouges, losanges jaunes… c’est un peu le code de la route version péniche. Au début, c’est déroutant.

Et puis, doucement, les formes prennent sens.

Depuis, quand je longe la Seine ou que je traverse un pont parisien, je regarde.

Treize ans que j’habite Paris, treize ans que je passe devant ces panneaux sans jamais les voir. Ils étaient là. Juste là. Invisibles. Et puis un jour, tu apprends à lire.

Et tout change.

Alors oui, j’enfonce une porte ouverte. Le propos n’est pas là.

Ce que je réalise, c’est à quel point notre environnement est rempli de signes. De messages codés, d’indices, de clins d’œil silencieux.

Le monde te parle, mais tu ne comprends pas toujours. Et tant qu’on n’a pas la clé, tout ça reste du bruit. Le jour où tu l’as, c’est magique. Tout devient lisible. Tu traverses la même rue, mais ce n’est plus la même promenade. Tu déchiffres enfin le décor.

Un exemple, parmi tant d’autres : la vente. Quand tu comprends que tu ne vends pas un service ou un produit mais que tu réponds à un besoin.

C’est ça que j’adore : le moment “aha !”. Souviens toi, petit.e lorsque le problème de math devenait simple.

Ce moment où ce qui était flou devient évident. Où le mystère s’efface dans un sourire intérieur. Et, étrangement, tu te sens un peu plus vivant. Comme si comprendre faisait partie du plaisir d’être là.

Depuis, je m’amuse à collectionner ces micro-révélations.

Sur le même trajet le long de la Seine, maintenant je vois les coquilles Saint-Jacques gravée dans le trottoir. Une autre fois, une bouche d’égout entourée de marques blanches. Des millions de gens passent à côté. La plupart ne voient rien. Mais certains, parfois, sourient car ils savent que des cataphiles ont oeuvré.

Et moi ? Je cherche les codes.