Alors comme ça tu veux de l’aventure ?

Il y a 4 ans j’avais fait un trip moto en Afrique du Sud avec des potes que je ne connaissais pas

Une expérience hors du temps avec des paysages à couper le souffle pendant 5 jours. Aucune expérience moto (hormis il y a 20 ans) et j’ai adoré. D’ailleurs cela m’a poussé à redevenir motard, une aspiration que j’avais ado

Je m’étais immédiatement porté candidat pour de nouvelles expériences, du moment qu’elles sont emmenées par Laurent. Le Covid a retardé tout cela mais le groupe a finalement pu se constituer pour 12 jours : Namaka : 2,500 kms de pistes, à 6 motos et un backie (pick-up 4×4 comme l’appellent les sud africains). L’aventure, dans le sens où tout le monde participe au voyage et aux galères (car il y en aura). Nous ne sommes pas en mode consommation, mais en mode partage (en tous cas c’est l’esprit). 

Le descriptif promettait des passages en totale autonomie, en camping, loin de tout et des pistes rarement empruntées en moto car techniques, nécessitant un véhicule d’assistance ou parfois emportées par les pluies. 

Evidemment une excellente condition physique était requise. J’ai donc entamé les squats 2 mois avant (deux séries de 40, autant dire que le contrat n’était pas rempli côté forme). 

Arrivée le samedi. M’accueille à l’aéroport Laurent, toujours aussi en forme à 60 ans et Uwe, 45 ans, le genre commando baraqué. Bon ben là coco t’aurais su faire une ou deux séries de plus. Trop tard. Les 3 autres arrivent, de 26 à 55 ans. On charge le backie : 4 tonnes au total (max recommandé par le constructeur : 3,4 tonnes)

Ah tu voulais de l’aventure ?

Jour 1 : 350 kms moitié goudron et piste le long de l’océan Atlantique. Il commence à faire chaud 🥵 (40 degrés, on en attend 50 à la frontière namibienne). Jour 2 les choses sérieuses commencent : sable. 

Le sable est une technique particulière. La moto part dans tous les sens (le guidon part à droite et à gauche de manière assez violente) tu manies donc la moto avec les cuisses, penché en arrière ; la clef est la vitesse. Plus tu vas vite plus c’est « stable ». Il faut passer ce moment d’appréhension ou, globalement tu dois changer de logiciel et, quoiqu’il arrive, accélérer. Le peu de jugeote qu’il te reste te dit de freiner ou d’aller moins vite. C’est le contraire qu’il faut faire : 

  • si tu galères : accélères. 
  • Tu sens que tu ne maitrises pas : accélère. 
  • Tu vois un obstacle : tu ne touches pas le frein, surtout le frein avant.

Bref, changer complètement de mode d’emploi

Je prends confiance. 

Trop. 

Virage avec plus de sable. Trop de vitesse. Arrêt net. Je passe par dessus le guidon en le heurtant au passage. Le nez dans le sable, hébété, je mets une minute à reprendre mon souffle. Bilan : un guidon renforcé en acier tordu. Sans le plastron de sécurité je me rentrais le guidon dans le poumon droit. 

Bon, on va se calmer. il reste 10 jours et là le sable est encore facile. Nous arrivons le soir à l’étape tous rincés à part Pascal et Rob qui ont une expérience. Ça promet d’être long ce tour. 

Tout le savoir faire de Laurent est d’alterner les jours où tu peines et ceux où tu te « reposes » avec moins de difficultés. Comme cette liaison de 150 km avec 1 virage. 

La bienveillance de l’organisateur (dont globalement on maltraite le matériel (pas mal de casse, notamment pour moi). 

Je ne vais pas tout te raconter car ça ne se raconte pas. Mais en bref cela donne :

  • dormir dans une caverne
  • Planter sa tente dans des lieux ou une autorisation est délivrée au compte goutte
  • Stocker assez de fuel pour être 3 jours sans pompe 
  • Subir une tempête de sable nocturne et finir dans une tente pleine de sable (je ne parle pas du sac de couchage)
  • Réparer une crevaison par 42 degrés Celsius 
  • « Fumer » un embrayage neuf dans le lit d’une rivière, plein de sable
  • Trouver une moto de remplacement et la faire venir sur 700 km pour réussir à finir tous chacun sur une moto
  • Tomber, se relever, peiner
  • Mais réussir à savourer le sable qui, finalement, ressemble au ski dans la poudreuse
  • Se retrouver à 120 km/h sur une piste 
  • Croiser un cobra 
  • Parler de scorpions (pas le groupe de rock, les trucs qui piquent) et donc garder les grosses bottes le soir en short
  • Faire des trous dans le sol pour ne pas laisser de traces
  • Déjeuner à l’arrière du backie de crackers avec « Le parfait »
  • Boire le café dans le Bush, au milieu de nul part
  • Être, comme la DDE, à 5 pour regarder Laurent réparer une moto avec les moyens du bord
  • Trouver un mécanicien qui fabrique une pièce en Téflon dans un village de 300 habitants 
  • Arriver à 15h dans un village perdu, le lendemain de la finale de la coupe du monde gagnée par les Sud Africain, et trouver pas mal de monde qui fete encore et dans un état éthylique avancé

Ça c’est pour la partie mécanique et sportive 

Et pour le reste, grâce à la capacité d’adaptation et aux reconnaissances faites en amont, se retrouver ds un restaurant perdu d’un village avec un dîner à tomber, à discuter de nos vies, d’EMDR et de là où nous en sommes. 

Des échanges avec des personnes avant inconnues, des profils différents, des histoires de vie, de vraies rencontres. 

Sans oublier un duo de guides qui partage une vraie complicité.

Non, un groupe d’hommes ne fait pas que boire des bières et discuter moto (enfin pas que).

PS : et si cette aventure te tente, malheureusement c’était le dernier tour commercial de Laurent… maintenant les expéditions / aventures longues n’auront lieu qu’au compte goutte. Il te reste les tours de 5 / 6 jours….